Soft Fem Blues

Stone Butch Blues est un roman de Leslie Feinberg. L’histoire de Jess des années 50 (fin des années 40 ?) au années 70-80 .

Actuellement mon état psychologique est au plus bas (je ne vais pas détailler d’avantage).
Je n’ai peut-être pas choisi le meilleur moment pour lire Stone Butch Blues. C’est un roman qui est parfois assez dur. Mais en même temps j’ai peut-être choisi le meilleur moment pour lire Stone Butch Blues. C’est un roman qui est parfois beau, porteur d’espoir.
Stone Butch Blues est un paradoxe. C’est une fiction et en même temps c’est une histoire vraie. C’est une roman qui parle du passé et en même temps il sait être d’actualité.

My loneliness is killing me
Un des points qui m’a le plus touchée mais qui a aussi été le plus douloureux dans le roman c’est l’isolement de Jess.
C’est un sentiment que je connais bien. Même si j’ai un petit entourage sur lequel je peux plutôt compté je me sens plutôt seule. Il y a pas mal de choses que je n’arrive pas à partager avec mon entourage.
Avec les personnes cis (non trans), qui composent en grande partie mon entourage, il y a toujours une distance et l’idée que je ne peux pas m’ouvrir complètement. Dans les groupe où je ne suis pas out il y a en plus une peur d’être découverte.

All you need is love
A côté ce qui m’a fait du bien dans ce roman c’est l’amour de Jess pour sa communauté et l’envie de solidarité qui va avec.
Jess aime les butchs, les fems, les drags queens… et je me dis que c’est quelque chose que j’aimerais bien savoir faire. Je pense que réussir à aimer les autres, et plus particulièrement celles qui me ressemblent, pourrait m’aider à m’aimer moi-même. Et hors du cadre individuel je crois aussi que cette forme d’amour peut permettre de construire des solidarités.
Je ne suis pas naïve pour autant. Il en faut plus pour créer un mouvement de libération transgenre. Il y a, au sein de ce mouvement transgenre, des oppositions politiques nettes et certaines sont irréconciliables.
Mais je me dis aussi qu’il y a des fois où on devrait laisser de côté ces différents pour avoir des réseaux d’entraide et de d’information viables.

Pour faire une analogie avec le syndicalisme, quand on lutte au sein d’un syndicat on s’engage aussi à aider des gens que avec qui nous pouvons avoir de gros différents.
Et c’est un peu ce que j’essaie de dire quand je parle d’aimer celles qui me ressemble. Il ne s’agit pas d’aimer des individus mais plus la classe sociale à laquelle j’appartiens.

Un indispensable ?
Stone Butch Blues est-il un indispensable de la littérature militante féministe et LGBT ?

J’aurais tendance à dire que oui. En tout cas je vois plus d’intérêt à lire Stone Butch Blues qu’à lire des ouvrages universitaires jargoneux (qu’ils soient écrits par des cis « experts » ou par des trans).
Stone Butch Blues est populaire, pas dans le sens « qui a du succès » mais dans le sens où ce roman ne s’adresse pas à une pseudo-élite déconnectée des réalités.
J’ai des réserves par rapport à ce qu’écrit Feinberg mais en même temps c’est quelqu’un qui me parle. Et Feinberg ne me parle pas que du côté personnel mais aussi sur nos possibilités collectives.

L’autre point sur lequel Stone Butch Blues est important c’est sur le traitement de l’Histoire militante LGBT en Amérique.
Même si le roman nous offre une version partielle et biaisée (du fait qu’on voit par le regard de Jess) je trouve que c’est important.

Avant de finir un petit avertissement : il y a des passages assez dures dans Stone Butch Blues. Des passages sur les violences policières vécues par la communauté LGBT ou sur les violences transphobes. Comme dit en introduction ce n’est pas gratuit. Je trouve que c’est supportable mais certaines personnes pourraient avoir plus de mal à le supporter.
Sur ça je ne peux pas vous dire quoi faire. Je pense qu’il est facile d’imaginer ce que peut recouvrer ces violences, à vous de voir si vous pouvez le supporter ou si ce n’est pas possible pour vous.

3 réflexions sur “Soft Fem Blues

Laisser un commentaire