En finir avec la dysphorie de genre

Bonjour, ça fait longtemps ?
Et oui, je continue d’utiliser mon blog pour vous partager des réflexions personnelles sur des sujets quelconques. A croire qu’on est encore en 2012.

Aujourd’hui je vais parler de luttes dans lesquelles je suis un peu moins impliquée (depuis que je suis cis) :
– Les luttes trans
Et plus particulièrement d’un sujet qui me trotte en tête depuis un petit moment (et je sais que je ne suis pas la seule) :
– Pourquoi doit-on en finir avec le concept de dysphorie de genre ?

Oui j’ai décidé d’être radicale, un peu provoc’.
J’ai donc décidé de ne pas axer ma réflexion sur un « faut-il en finir … », j’ai décidé d’en faire une sorte d’impératif et donc de vous expliquer pourquoi il faut en finir. Bien sûr vous pouvez être en total désaccord, m’insulter, me mépriser et ne même pas prendre le temps de voir mon argumentaire. En ce cas je vous invite à le faire sur la plateforme d’Xlon MuX et de ne pas aller plus loin.

Trans = Souffrance, un indépassable ?

Donc revenons en à mon article.
Avant d’expliquer pourquoi on doit en finir je dois définir la dysphorie de genre. Je vais donc demander à Google de faire le taf en entrant les termes dysphorie de genre dans la barre de recherches.
Le premier résultat renvoie au GHU Paris ; psychiatrie et neurosciences (soigner les troubles psychiques). Là, si vous me connaissez un peu, vous voyez mon problème. Des psychiatres « experts » cis, inscrits dans la lignée de Bernard Cordier ou Colette Chiland.
Le lien pour celleux qui voudraient s’infliger la violence de la SOFECT (quel que soit son nom actuel), je ne le poste que parce que je le trouve pertinent dans ma critique de la « dysphorie de genre ».
Je ne peux ni conseiller ni déconseiller la lecture de ce site pour sa violence transphobe. J’y suis allée en m’attendant à cette violence mais je ne pensais pas avoir me prendre un voyage dans le passée de 15 ans dans les dents. En fait je trouve même que les discours de Papa Cordier ou Maman Chilland étaient pour ainsi dire moins violents que ceux de leurs héritier-e-s car beaucoup plus frontaux dans leur transphobie.
Aujourd’hui les pseudo-expert-e-s savent mettre les choses en forme, iels ont apprit a utiliser les « bons » mots pour garder une mainmise et un contrôle sur nos vies (avec en différence notable le fait qu’on ne dit plus « transsexualisme primaire et secondaire » mais « transidentités »).
Ce site montre bien qu’en France, malgré la circulaire Bachelot de dépsychiatrisation des parcours trans (qui date de 2010) on a toujours une volonté de contrôle des corps et des esprits des personnes trans par des « experts » psychiatre cis qui se font du fric en se chargeant de valider/invalider notre transitude.
Et un critère qui leur semble important pour leur diagnostique de transsexualisme (pardon, « transidentité ») c’est la Dysphorie de genre, c’est à dire une « souffrance » (psychique), qui nécessite donc un diagnostique de professionnels du psychisme.

J’ai un peu divergé (et dix vergers c’est beaucoup de pommes) mais vous commencez peut-être à voir où se situe mon problème ?
Sinon allons plus loin dans les recherches de définition de la dysphorie de genre.
Wikipedia, reprenant les propos des pseudo-expert-e-s américain-e-s nous parle de « souffrance clinique significative ». Alors attention, on nous précise bien que « ce n’est pas un trouble mental », on ne parle plus de transsexualisme, mais il est toujours question de « diagnostic » ou de « symptômes » nécessitant un contrôle par le corps psychiatrique qui recherche des causes.

Donc bon je pourrais continuer mais on en revient toujours à cette idée, la dysphorie de genre (et par extension être trans) c’est une « souffrance » qui doit être éradiquée par des psys.
Et même s’il y a du progrès dans le « traitement » de cette « souffrance », les pseudo-expert-e-s étant forcé-e-s de constater que le seul « traitement » efficace étant l’affirmation, il y a toujours une volonté de contrôle du corps psy (surtout psychiatrique) refusant d’abandonner une mainmise.
Pour garder cette mainmise on mobilise alors cet argument de « souffrance clinique » (aka dysphorie de genre), une souffrance qui nécessiterait forcement un accompagnement psy.

Pour moi il y a vraiment un problème à faire de la souffrance un facteur indissociable de la transitude car pour beaucoup : ce n’est pas le cas.
On a de nombreuxses camarades trans pour témoigner du fait que jouer le rôle d’une personne cis n’était pas cette « souffrance » insurmontable qu’on aimerait faire croire. C’était inconfortable, ce n’était pas épanouissant, mais ce n’était pas non plus de la souffrance.
On est nombreuxses à témoigner que la souffrance on l’a vécu après notre CO, de la part d’une société cissexiste (donc structurellement transphobe) et à avoir vécu une violence de la part des prétendu-e-s expert-e-s qui se pensent un devoir de nous diagnostiquer.
Les vieilleux peuvent témoigner des « tests de vie réelle » et des prétendu-e-s expêrt-e-s vous mégenrant, vous rabaissant, vous humiliant et si vous supportiez cette violence, si vous témoigniez d’à quel point vous souffriez d’être trans alors peut-être vous pouviez être accepté-e-s comme transsexuel-le primaire (à condition de faire bander les expert-e-s, à condition d’être hétérosexuel-le, à condition de ne pas être précaire…). On a donc des « expert-e-s » cis qui nous diagnostiquaient selon la souffrance qu’iels nous faisaient subir par leur violence.

Le ver est dans la pomme dès lors qu’on considère que des expert-e-s cis pourraient se baser sur une estimation de notre « souffrance » afin de déterminer notre degré de transitude.

Conclusion :

Je pense que c’est là la (première) conclusion de cet article.
Il ne faut plus que la transitude soit associée à une « souffrance clinique » inévitable. C’est, selon moi, un axe important pour obtenir une réelle dépsychiatrisation des parcours trans.
Bien sûr il est important de parler de nos souffrance, mais en les politisant.
Nos souffrances ne viennent pas du fait d’être trans (axe défendu par les « expert-e-s »), elles viennent du fait de vivre dans une société transphobe où nous violenter est considéré comme un point de vue acceptable dans « le grand débat démocratique ».

Pour remplacer l’idée de dysphorie de genre (et de souffrance) je pense qu’on devrait commencer à d’avantage parler de l’euphorie de genre. Chose qui me semble plus communément partagée dans nos communautés et qui peut mieux s’ancrer avec nos vécus.
Quand j’ai fait mon « premier CO » je n’ai pas dit que j’étais une femme trans mais que j’étais travestie. Bien sûr à l’époque je savais déjà mais ce n’était pas possible pour moi d’assumer ma transitude, ça me semblait plus simple d’assumer être travestie.
Et l’euphorie ressentie en me travestissant les premières fois était géniale mais elle est vite passée. J’avais besoin de plus, ça ne me suffisait pas à être pleinement heureuse. Alors j’ai accepté ma transitude.

Je peux facilement associer les moments charnière de ma transition à ces moments d’euphorie. A côté les moments de dysphorie me semble vagues, flous. Et si aujourd’hui j’ai envie d’aller « plus loin » dans ma transition ce n’est pas à cause d’une souffrance particulière du fait d’être une femme trans mais du fait d’avoir de plus en plus de mal à trouver ces moments d’euphorie.
Je trouve qu’on gagnerait vraiment à axer le fait d’être trans sur la joie que l’on a à pouvoir nous affirmer plutôt que sur une souffrance indissociable de nos vécus.

C’est tout pour cet article de blog, j’espère qu’il vous parlera même si on est plus en 2012 et même si la blogosphère est morte depuis longtemps.

Toujours K6

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